22 juillet 2009

Fini le Canada

Comme nous étions de retour dans la province peu branchée mais bilingue du New Brunswick, nous avons pris du retard dans la mise à jour du blog. Ainsi, voici trois posts pour le prix d'un. 

Après plusieurs jours de mauvais temps, nous avons enfin eu une journée de soleil qui nous a permis de découvrir la jolie Baie de Fundy et ses grandes marées. Un autre coin bilingue, donc vélo-friendly. Voir les photos de la brume de Fundy plus bas. (Andrée: tu aimerais le «sentier de Fundy»; et puis tu ambitionnes pas mal si tu crois que la Cabot Trail est un bel endroit pour le vélo). 

Pendant le mauvais temps, nous avons quand même eu droit à une leçon de biologie marine très intéressante. Saviez-vous que les scientifiques étudient la colle que produisent les balanes (cherchez balanes dans Google...) lorsqu'elles s'agrippent aux roches du fond de l'eau? Cette colle serait appréciée des dentistes!

Depuis le début de notre périple une heure plus tard dans les Maritimes, nous avons appris une foule de choses sur l'Acadie même si nous étions trop tôt pour participer au Congrès mondial acadien. Grâce à Radio-Canada Acadie, nous avons su que l'endroit au monde qui compte le plus d'Acadiens au mètre carré se trouve en fait en France, soit à Belle Île en mer en Bretagne. Quoiqu'il en soit, l'Acadie est vraiment vivante ici, même si la densité de la population n'équivaut pas à celle de Belle Île.

Nous avons maintenant terminé notre périple au Canada. Avant de traverser la frontière, nous avons goûté au chocolat de la maison Ganong à St. Stephen, établie là depuis 1873. Il y a un musée du chocolat qui aurait sûrement plu à Bertrand et à grand-maman Suzanne. Peut-être aussi à François.

Après avoir traversé la frontière, nous avons assisté à un étrange phénomène: en l'espace de quelques secondes seulement, absolument tous les drapeaux sont devenus des drapeaux américains! Vraiment bizarre!!

Pour une dernière fois donc:


De retour - back to - NB

Avant de quitter la Nouvelle-Écosse pour retourner dans la province bilingue, the bilingual province, nous avons eu la chance de visiter le village capitaliste d'Economy. Il s'agit du lieu au monde où les habitants sont les plus tannés d'entendre parler de la crise économique. 


Le village capitaliste d'Economy est divisé en trois sections rivales qui se concurrencent tel que le veulent les lois du marché: Central Economy, Lower Economy et Upper Economy. Les routent reliant les trois sections se nomment Economy River Road et Economy Point Road. 


Nous avons fait quelques clichés qui illustrent l'histoire moderne d'Economy. Celle-ci est très représentative du courant néo-libéral de type lucide. 



Une grande entreprise s'installe à Economy pour y exploiter les ressources naturelles et les habitants. Elle propose de bâtir ses installations dans Lower Economy. Du coup, Central Economy lui offre une subvention sous la forme d'un prêt sans intérêt et finalement, Upper Economy lui donne des terrains, adopte un crédit d'impôt adapté à sa structure de financement, et diminue le salaire minimum. La compagnie bien sûr choisit de polluer Upper Economy qui se situe en amont de la rivière. La compagnie emploie toute la main d'oeuvre bon marché des environs, en mettant sur pied un régime de retraite qui fait en sorte qu'il est plus intéressant de travailler à cet endroit que de ramasser les petits pois dans la ferme prospère de Lower Economy. Par conséquent, Lower Economy met en place un programme de travailleurs migrants pour le temps des récoltes. 






Après quelques années, la production de la compagnie est interdite d'entrée dans les pays de l'Union européenne, de sorte que la compagnie ira s'installer en Chine pour transformer là-bas les matières premières et jouir d'un nouveau marché. Elle place donc sa division néo-écossaise sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies pour fermer ses installations sans verser à ses travailleurs et travailleuses licenciés les indemnités prévues à la Loi (ou ce qui reste de la Loi). Le régime de retraite ne sera pas non plus capitalisé. Par contre, le Tribunal d'Upper Economy, soucieux de l'avenir de la région, accorde à la compagnie le droit de verser les indemnités de départ des cadres et dirigeants. 





Les notables de Central Economy qui avaient vu le train passer quelques années plus tôt, décident qu'il faut revitaliser la région en lançant la campagne «Pour un Economy lucide». On explique aux gens de Central Economy que si leur section a été laissée pour compte, c'est parce que ses habitants sont paresseux et que ses politiques sont trop social-démocrates. 


À Upper Economy, on décide de peindre les magnifiques citernes abandonnées afin d'attirer des investisseurs. Mais évidemment, la crise économique frappe, et on devra patienter encore un peu pour voir les bénéfices de cette belle initiative.


À Lower Economy, la vie continue. Face à l'inquiétude due au fait que les petit pois pourraient être contaminés par l'eau polluée de la rivière, on décide de les emballer dans des sacs où on les baptise «Organiques» en disant qu'ils n'ont pas été nourris de matières animales transformées.




De manière très contrastée, nous avons découvert un petit coin de pays acadien dont la philosophie a profité grandement au développement de cette communauté de la Baie de Fundy: Utopia. Contrairement à Economy, aucune entreprise n'est venue exploiter ressources et habitants de la région. Le village fonctionne dans le cadre d'un modèle de développement durable; l'économie est fondée sur des activités de rénovation, de réutilisation et de recyclage des ressources, sur l'agriculture bio de subsistance ou le commerce équitable et sur les services. Voici les clichés pris au passage (cliquez pour agrandir):






Brume de Fundy




Pont couvert de brume